Petite Visite

Exactement. D'ailleurs ils devraient bien en profiter avant que ce quelqu'un ne se décide à regtrouver les bonnes solutions de sadique, les plus cruelles et immondes ! Car Dieu peut être bien ignoble parfois... Même si cela n'est pas sorti d'une très grande oeuvre de la cinématographie, cette phrase n'est peut-être pas si fausse, non ? : "Dieu est un môme assis devant une foumillière avec une loupe à la main.". Ou quelque chose comme ça... JE ne sais plus exactement mais c'était l'idée dans tous les cas, c'est le principal !
Oh. J'ai vu ces uniformes dans une série américaine des années 1980 : peut-être est-ce un peu éculé, non ? Je devrai me remettre dans l'actualité, même si le retro est très tendance en ce moment, ça me ferait du bien de lâcher les jeux sur Amiga...
Ah mais. Evidemment que Fye n'est pas viril... Et en fait je préfère ça. Les corps musclés je trouve ça horrible et ignoblement dégoûtant, sérieusement. Et puis Sophie aussi d'ailleurs.

Oh oui, bonne idée ! Ne dérapons pas sur cette pente ci ! L'important, pour le moment, c'était que sans trop réellement savoir pourquoi, le sourire du jeune homme plaisait déjà beaucoup à la petite Sophie. Elle avait vraiment l'impression d'aller mieux, quand elle le voyait ... Si tant est qu'elle allait mal bien évidemment. Et puis, ainsi, elle se sentait comme en train de parler à un ami. Un bon ami. Et ça c'était bien. Pour elle en tout cas !

"C'en est presqu'étonnant, connaissant sa timidité." Oh ? Vous avez dû mal comprendre, mais bon, ce n'est pas extrêmement important, disons-le.
Ah ! Alors on joue sur les mots désormais. C'est vrai que les langues et les mots comportent de grandes nuances, mais là, quand même... Enfin, si vous voulez, vous avez raison, je ne me risque pas, ah ah.

Mais c'est vrai ça ... Elle avait seize ans, seulement. elle était peut-être encore récupérable - non, une chance, ah ah-. Mais lui, il était déjà adulte, depuis quelques temps. Il avait vingt-huit ans, si je ne m'abuse ? Vingt-huit ! Enfin, c'est ainsi qu'on l'aime...
Qu'il ne change pas. Il est bien comme ça ! Bon, un peu pathétique ... Mais bien.

Ah, des problèmes de santé. On pouvait dire oui, et de l'autre côté, non. C'était une phobie après tout, et un peu de spasmophilie lorsqu'elle y était confrontée, justement. Mais ce n'était pas vraiment un problème de santé...
D'un autre côté, oui : elle était toute frêle, toute malingre, toute fragile, du genre à se couper avec une enveloppe - Florence Foresti es-tu parmi nous ?-. J'exagère un peu, mais il est vrai que si on s'attaquait à elle, ce qui serait d'une cruauté tout de même sans égal, elle reviendrait en morceau.
Bref, elle secoua la tête, pour répondre doucement, un peu honteuse.

"J'ai très très peur du sang ...Je tombe dans les pommes... Boum..."

Elle sourit simplement, très légèrement, cachant peut-être un peu de tristesse, à la suite.
Si toutes les personnes qui désiraient faire carrière dans la médecine étaient comme elle, normal qu'il n'y en est pas énormément ... Elle le savait bien. Les équipes pédagogiques lui avaient toutes dit. Si elle n'améliorait pas ses résultats ... Elle n'y arriverait jamais. Mais même quand elle réussissait à l'écrit, les travaux pratiques, les notes orales, creusaient ses moyennes comme l'eau creuse le calcaire ou le vinaigre le sucre.
Ah, maintenant, elle devait bien paraître idiote : une hématophobe voulant devenir médecin. C'était aussi improbable qu'un muet chanteur ou qu'un aveugle champion de tir à l'arc...

Ah oui, ça c'est vrai. On ne sait jamais quand les esprits plus sadiques, plus pervers, peuvent ressortir. Et c'est mieux qu'ils n'en connaissent rien, c'est dans leurs interêts! Un môme assit devant une fourmilière? Peut-être. Mais j'opterais plutôt pour un gamin qui joue avec des pantins, les ficelles bien enroulées autour des doigts. Enfin, pour ce cas-ci! De toute façon, ce n'est pas bien grave: on me reproche souvent de jouer sur les mots, donc autant bien oublier cela.
Mais on peut être viril sans pour autant être musclé, voyons. De toute façon, Fye n'est pas viril, point à la barre. D'ailleurs, on l'avait déjà prit pour une fille lorsqu'il était plus jeune. À cause de ses allures. Pauvre enfant. Heureusement pour lui, c'était il y a bien longtemps. Je me demande même s'il s'en rappelle. Il faut dire, cela serait étonnant.

Sans trop savoir pourquoi? Mais ce n'était pas parce qu'il était rayonnant? Chaleureux? Éclatant? Enfin, l'important était qu'il plaisait à la jeune fille. Et heureusement pour elle, elle allait les voir souvent, ses jolies dents. Bien contente pour elle qu'elle ait l'impression de parler à un ami. Qu'il continu ainsi: peut-être allait-il le devenir, un ami?

Adulte depuis quelques temps. Oh, si vous calculez dix ans comme "quelques", ce n'est pas mes affaires de toute façon. Oh, encore à jouer avec les mots: oui je me tais. Vous avez visé juste. Il avait bien vingt-huit ans, ce blondinet. Pathétique? Oh! Voyons.......... Bon oui, peut-être un peu... Beaucoup parfois, mais ça a été dit: "C'est ainsi qu'on l'aime." Donc "Qu'il ne change pas."

Comme cela, elle avait la phobie du sang. Oh, pauvre enfant. On y était tellement souvent confronté, à ce liquide de vie. Déjà, lorsqu'on se coupait/cognait/tombait par accident, ou quand quelqu'un d'autre se coupait/cognait/tombait par accident. Et puis, puisqu'elle était une femme, c'était un autre problème. Finalement, c'était bien triste pour elle qu,elle eut souhaité de faire carrière dans la médecine: comment pouvait-on ne pas être en contact, visuel ou physique, avec le sang? Je le répète ncore, mais pauvre enfant. C'est ce que pensait le jeune infirmier, un sourire dorénavant un peu plus triste sur ses fines lèvres. C'était tellement dommage pour elle. Contrairement à ce qu'on peut penser, il ne trouvait pas cela stupide. Ce n'était pas de sa faute si elle avait une telle phobie et qu'elle souhaitait faire carrière dans la médecine. C'est un peu comme un paraplégique qui rêve de participer au cent mètres aux Jeux Olympiques. Enfin, au lieu de la plaindre, il affirma doucement, son sourire à nouveau joyeux.

"Cependant, j'espère ne pas vous voir souvent à l'infirmerie. Pour une raison de crise, je veux dire. Autrement, si vous avez des questions sur le métier, je peux toujours vous répondre. Cela me fera plaisir."

Oh, et puis, il ne pouvait pas vraiment lui proposer puisqu'elle ne lui en avait pas parlé, mais le médecin pouvait toujours l'aider pour ses travaux et ses examens. Entre "futurs collègues", il faut toujours s'entre aider!

De toute façon, pour le moment, tout va bien. pas d'horribles choses à l'horizon ... Et puis, pour qu'elles arrivent, enfin d'équilibrer la balance, il faut d'abord de merveilleuses choses. Et ça commence tout doucement... Mais sûrement.
Oui, c'est vrai ! Des petits pantins avec lesquels on fait ce que l'on désire. Mais parfois j'ai comme l'impression que les ficelles se cassent et que nos jouets se braquent, n'est-ce pas ?
Bien sûr. Mais c'est comme une marque phrase de la virilité ces affreux bras énormes parcourus de veines, brrr. Enfin. Oh ! Pauvre petit ... Mais s'il ne s'en rappelait pas, tant mieux après tout. Ah. Un si beau garçon ! Oser le confondre avec une fille !

Oh, effectivement ... Tout cela. C'était un si beau sourire, de toute façon. Elle n'en avait probablement même jamais vu de pareils, même chez son père - pourtant il était le type même du père souriant, aimant, et heureux. Ah ! Les gens sont tellement plus beaux lorsqu'ils sont heureux, de plus - amoureux aussi, mais ça c'est une autre histoire, ah ah- !
Ce serait bien heureux. Je l'ai déjà tellement dit : elle n'en avait pas, des amis. Elle était toujours seule. Son père travaillait, bien sûr. Elle était comme ces petites filles de châteaux gâtées. Une chambre remplie de peluches et un animal de compagnie, en l'occurrence un chat femelle, comme compagnon de jeu.
Malgré tout, devenir son ami ... C'était l'infirmier de son école, non ? Cela se faisait ça ? Bien sûr.

Disons que dix ans dans une vie est un temps quelque peu dérisoire... Ah, mais, c'est vrai, stoppons, stoppons. Tout le monde aime Fye ainsi, voilà, j'en suis sûre, point !

Exactement, c'était le problème - d'autant qu'elle n'avait pas que ça, comme phobie. Seulement c'est une peur tellement présente et tellement excessive que les autres paraissent risibles-. Le sang... Pour arranger le tout, lors des temps de très grandes chaleurs, enfant, il lui arrivait de saigner du nez. Elle se coupait, plusieurs fois. En fait, elle avait peur constamment. Lorsqu'elle avait un petit rhume, ça arrive aussi, et qu'elle coulait du nez un peu, elle craignait toujours également qu'elle ne soit en train de saigner du nez. Ce qui était parfois ridicule.
Oui ... Être une femme ne rendait pas la chose facile. Dans les périodes difficiles, personne n'ignore que toutes les jeunes filles étaient déjà plus ou moins énervées et agacées pour un rien ! ... Mais vraiment, ce genre de semaines étaient appréhendées avec panique. Déjà, cela engendrait des douleurs absolument atroces : elle avait si mal au ventre qu'elle en pleurait sans même penser au sang. Ensuite, bien sûr, elle était prise de crises d'angoisse, telles qu'on ne pouvait même pas l'approcher sans qu'elle hurle de la laisser mourir tranquille, telles qu'elle ne sortait pas en ces temps là. Même pour aller en cours. Elle s'arrangeait toujours pour rattraper... Difficile à imaginer, non, que ce petit ange puisse se transformer en tel diablotin ?

"... Merci ! Vous êtes gentil, monsieur ! "

Elle s'était remise à sourire. Oh ! Elle était bien heureuse !
Et toujours ce monsieur. Il faudrait peut-être qu'ils commencent à se donner leurs noms, maintenant ... Mais tout d'abord, ses joues revinrent au pourpre, pour ajouter timidement.

"C'est bizarre... Vous dîtes vous ..."

Elle n'avait pas l'habitude. Elle qui paraissait si jeune, tout le monde la tutoyait. Les plus jeunes, les plus vieux, enfin, tout le monde, finalement !

Effectivement, rien qui ne puisse ressembler à du mal ne leur était ~~encore~~ réservé pour l'avenir. Ils pouvaient toujours vivre leur vie sans avoir à être tourmenté par un quelconque évènement. Ils pouvaient toujours continuer de sourire, rire et plaisanter. Ah, comme elle est belle, la vie, avant que ces "Dieux" ne commencent à "s'ennuyer'". Dès alors, pensez à vous mettre à l'abris... Enfin, ce n'est qu'un conseil que je vous donne!
Exactement. Ou bien est-ce que ces jouets n'ont pas une double ficelle? Lorsque la plus petite se casse, l'autre, toujours intacte, prend la relève. Ainsi, ils ne se contrôlent pas plus d'eux même, mais d'une force qui nous est encore plus imposante.
Allons; vous n'avez pas à vous indigner de la sorte. À cette époque, aucune fille n'avait de buste et les visages, encore rond par l'enfance, se faisaient presque identique chez la fillette que chez le garçonnet. Il faut dire, de plus, que ses cheveux un peu plus longs que ceux des autres petits garçons ne facilitaient pas la tâche à ceux dont ils voulaient en définir le genre. De toute façon, cette époque est passée; nous pouvons maintenant facilement reconnaître le jeune homme chez le médecin. À moins d'être carrément aveugle et ne pas remarquer qu'il n'a aucune poitrine.

Un sourire tel que le sien? Elle n'en avait jamais vu? Oh, il faut dire, qu'effectivement, il y avait peu de personne qui en possédaient des commes tels. Ce qui est réellement dommage. Imaginez-vous un monde illuminé par de tels sourires. Ce serait des plus agréables, non?
Il est certain qu'étant l'infirmier de son école, une telle camaraderie serait bien mal vue. Depuis quand les gens du personnel arrivaient à devenir amis avec des élèves? Ah, c'est comme lorsqu'on s'entend bien avec un professeur: on vous traite de chouchou ou même de fou, car "depuis quand les enfants peuvent-ils avoir des amis adultes?". Voyons. L'âge, le sexe, l'occupation ou le statut d'une personne ne doit pas faire en sorte d'arrêter les gens à en rencontrer d'autres. Autrement, c'est bien idiot.

Pauvre petite. Avoir peur aussi souvent, ce n'est certainement pas bien sain pour elle. Et cela serait certainement se qu'en penserait aussi le blondinet. Peut-être devrait-elle essayer de contrôler sa phobie. Peut-être même en parler avec une psychologue -celle de l'école, tiens-, cela l'aiderait peut-être?
Oh, vraiment? Être aussi angoissée jusqu'à en perdre un peu la tête? Jusqu'à s'isoler? Quelle phobie peu pratique. Bon, en même temps, aucune phobie n'est vraiment pratique à avoir, ou peut-être seulement les peurs des objets ou êtres dangereux, ce qui pouvait sauver la vie, dans certains cas. Enfin, non, car il y a aussi un mauvais côté: si l'on se fige à cause d'une peur extrême, cela peut l'anéantir, la vie. Ah, mais de toute façon. Elle manquait donc des cours en s'isolant. Cela ne pouvait pas vraiment l'aider à faire monter ses résultats. Ainsi, son vouloir de faire carrière dans la médecine... Ou bien juste comprendre quelque chose à la littérature, comme elle avait affirmé le contraire avant que l'infirmier ne fasse sont entrée dans la bibliothèque.

Pour toutes réponses à son remerciment, Fye continua de sourire doucement. Que pouvait-il ajouter en plus, de toute façon? Ah, oui, encore à dire "monsieur". Mais je doute que, même s'ils font enfin l'échange de leurs prénoms, la jeune fille ne continue de l'appeler par ce titre. C'était une marque de politesse et de respect envers le personnel de l'école après tout. L'appellerait-elle réellement par son prénom, s'il le lui demandait?
Et comme la blondinette se mettait à rougir, le médecin se questionna à la raison de cette réaction. L'avait-il gênée avec l'une de ses paroles? Si oui, ce n'était pas dans ses intentions. Mais comme elle continua de parler, il pu comprendre... À moitié. En quoi le vouvoiement pouvait-il la mettre mal à l'aise? Son sourire resta au même, mais il y mélangea un peu d'étonnement.

"Vous trouvez cela étrange? Il faut dire, j'ai toujours fonctionné avec cette marque de respect. L'habitude m'a suivi." Il marqua ses paroles d'une petite pause avant d'ajouter d'une voix accentuée d'un certain doute, un peu mal assurée. "Cela vous dérange, vous ennuie?"

Il est vrai qu'elle parassait jeune. La preuvre, c'est que le pauvre infirmier l'avait même estimée plus jeune qu'elle ne l'était en réalité, lors de cette soirée, où ils s'étaient vus pour la première fois, à la fête foraine. Mais cela n'arrêtait pas cette terrible habitude qu'il avait depuis toujours, vous avez bien pu le remarquer. D'ailleurs, il utilisait tellement souvent cette marque de respect que je doute même qu'il ne sache conjuguer la deuxième personne du singulier. Bon, oui, j'exagère certainement, mais bon.

Oh, ce n'est pas tant de l'ennui ... Disons un désir de pimenter un peu les choses, sans réellement que tout soit déjà morne et monotone. Cela dépend des jours et des cas... Oh. Je pense qu'il doit être bien difficile de se mettre à l'abri lorsque ce sont des "Dieux" qui choisissent !
C'est une jolie façon de voir les choses, peut-être juste, peut-être fausse. Personne ne peut vraiment "savoir". C'est ça la magie des choses... ! Ne pas savoir. Comme lorsque vous étiez enfant et que vous croyiez n'importe quoi, c'était magique. En grandissant et en comprenant on perd tous ces petits moments de bonheur. C'est dommage. Espérons que de côté-ci la magie restent encore longtemps.
Non, c'est vrai, vous avez raison. D'ailleurs j'en ai moi-même fait l'expérience puisqu'on nous confondait mon frère et moi - et pourtant je portais des jupes, je précise. Mais les bouclettes blondes de mon frère retenaient l'attention apparemment ...Ah, la narratrice est bien triste.
Comme on nous le dit en cours de biologie c'est à la puberté seulement que se forment les différences physiques. Tout ce qui se passe avant, c'est l'interprétation par les vêtements, les couleurs, et les goûts pour les jouets, un certain conditionnement en réalité. Et donc, c'est vrai qu'il n'avait pas de poitrine. Néanmoins quelques caractéristiques masculines semblaient manquer chez lui, ah ah.

Elle aimerait beaucoup. Un monde illuminé de ces sourires. Grande enfant, même c'était un peu son royaume imaginaire qu'elle se créait en pensée ou en jouant - bien sûr qu'il lui arrivait encore de jouer avec de vrais jouets de bambins. Mais la réalité était quand même tout autre. Les gens marchent dans la rue sans plus se regarder, ne se disent pas bonjour, même quand ils se connaissent parce qu'ils ne se voient même plus ... Et puis la grisaille des immeubles est loin des Royaumes à la jolie princesse dans contes de fées.
Exactement. En étant ami avec un professeur, on est chouchou - nouvelle expérience personnelle d'ailleurs...-, et même avec un simple adulte, c'est toujours plus ou moins étranges. On peut en dire des castes du Moyen-Age, ah ! Nous ne sommes pas mieux. Les enfants d'un côté, les adolescents d'autre part, les adultes encore qui suivent, le troisième âge. On se regroupe par âge, maintenant. Et gare à qui tenterait de s'exclure pour s'intégrer chez l'autre ! Pourtant j'ai comme l'impression que ce ne serait pas amusant si cela n'arrivait pas...
Il ne devrait pas y avoir de frontières dans le but de connaître les autres. C'est vrai que c'est idiot.

Le blondinet, il pouvait bien penser ce qu'il voudrait, il pouvait bien aussi penser à la conseiller d'aller voir la psychologue de l'établissement lui aussi, elle hésiterait, dans l'optique où elle irait un jour, à sortir de sa coquille et à exposer à quelqu'un qu'elle ne connaît pas ses sentiments, ses angoisses, ses craintes, sa fatigue. Parler à une ou un inconnu(e) de ce genre de choses était, dans son esprit, totalement exclu. Elle n'en parlait déjà pas beaucoup à son père...
Et puis, il fallait dire qu'elle aussi, préférait sourire qu'inquiéter les gens. Mais pour une autre raison que celle du médecin. Ce n'était pas tant pour les gens, bien qu'elle-même soit gentille et altruiste - à part pour son père bien sûr, là c'était réellement pour cette raison-, mais pour qu'on ne lui pose pas de questions. Si elle se contentait de sourire bêtement et de faire le pot-de-fleur, la nunuche de service, tout allait très bien comme ça. Même après ses crises. Quand elle allait mieux, elle ne disait plus rien. C'était anectodique, fini, enterré. Jusqu'à la prochaine...
Oui. Evidemment, elle rattrapait ses cours, mais que vaut un bout de papier face à l'explication en direct de ses professeurs ? Apprendre sans comprendre les cours de ses absences, c'était sa spécialité. Malheureusement pour elle, la peur n'était pas tout. Je l'ai déjà dit : son cycle périodique était particulièrement douloureux. Aussi, quand bien même elle luterait contre sa peur, elle aurait toujours ce problème. Bien que je suppose que des bons cachets feraient l'affaire...

Je ne pense pas qu'elle l'appellerait par son prénom, mais au moins, elle pourrait inclure son nom de famille à ce "monsieur". S'il lui demandait ... Elle le ferait plus volontiers. Mais plus volontiers signifie juste "avec moins de réticences", ce qui ne veut en rien dire qu'elle n'en aurait plus, même loin de là. En revanche, elle, préférerait qu'on l'appelle par son prénom que des choses plus polies.
Tout comme le fait qu'on la tutoie, elle préférait. Cela la mettait en effet mal à l'aise qu'on puisse la mettre sur un pied d'égalité avec un adulte, alors qu'elle était loin de l'être. Et on l'avait toujours tutoyée, toute son enfance, beaucoup de personnes à présent. Pourquoi cela devrait-il changer du jour au lendemain ? D'après elle, elle n'avait pas changé, alors ne changeons pas non plus les habitudes.

"Non...Pas vraiment... C'est juste que j'ai pas beaucoup l'habitude... Personne m'a encore dit "vous"... Toujours "tu"..."

Ah, elle tortillait ses doigts la pauvre petite, toute confuse. Enfin, essayait : pas facile en tenant ses bouquins.
Il n'avait tout de même pas dû la prendre pour si jeune que ça, s'il la vouvoyait. Mais certaines personnes pensaient, et en oute sincérité, qu'elle devait avoir entre dix et douze ans. Tout ça parce qu'elle était petite, rougissante et qu'elle avait un visage un peu rond et mignonnet ... Et qu'elle parlait mal.
Lui : il parlait tellement bien. Avec sa belle voix ... elle pourrait bien l'écouter parler encore des heures entières. Il avait un phrasé si magnifique, et pourtant s'efforçant d'être compris à la fois, chose loin d'être facile ... !

» Ballade et visite